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Harfleur, unifier la ville

Harfleur, unifier la ville

 

L’étude numéro 1322, réalisée par l’AURH en 2008, est à la fois un diagnostic et une esquisse de projet urbain. Le document expose les forces, les faiblesses ainsi que le potentiel de l’espace harfleurais.

Harfleur a toujours été un sujet d’observation de l’Agence, la première étude remontant à juillet 1970. Ici, l’approche par l’esquisse permet de donner forme, sur un territoire donné, à plusieurs possibilités d’aménagement. Cette méthodologie de travail, développée à l’occasion des nombreux travaux de l’AURH dans le cadre du programme « Petites villes de demain », a été utilisée récemment à Cany-Barville et Saint-Valery-en-Caux.

Du fait de la densité de sujets traités dans l’étude de 2008, l’Agence a fait le choix de concentrer ce « RDV avec les archives » sur la question des mobilités, abordée sous différents angles : le positionnement stratégique de la commune et la prégnance des infrastructures routières, les enjeux liés aux cheminements piétons au sein du centre-ville, puis l’analyse des modes de déplacement alternatifs.

UN POSITIONNEMENT STRATEGIQUE, HIER ET AUJOURD'HUI

Depuis le Moyen-âge, Harfleur tient une place historique dans l’organisation urbaine de la région havraise. Au XIIème siècle, Harfleur devient rapidement un port normand important. Son positionnement est à l’origine de son développement, la Ville se situant juste en aval de la confluence des vallées irriguant le plateau de la Pointe de Caux. Après l’ensablement de l’estuaire, des voies royales sont ouvertes, positionnant Harfleur sur le nœud de communication Paris-Le Havre. La commune fait aujourd’hui partie des 4 villes moyennes de la première couronne de l’agglomération havraise.

La prégnance des infrastructures routières est l’une des particularités de la commune, malgré un travail de rééquilibrage des espaces. Point de convergence des principales infrastructures routières et ferroviaires de desserte de l’agglomération et du port, Harfleur - en particulier la Brèque - est aussi le point de jonction de nombreux déplacements pendulaires.

Avec le pont du nœud routier d'Harfleur construit au début des années 1970, la commune est à la croisée des flux d’échanges de l’agglomération et de la zone industrielle et portuaire.

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Harfleur avant, et pendant la construction du pont.
 

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Aujourd’hui, comme en 2008, demeure la nécessité de faire évoluer les réseaux et services de transport pour faciliter les déplacements des différentes catégories d’usagers et « décongestionner la ville en procédant à un rééquilibrage des modes de déplacements au profit des modes alternatifs à la voiture. » Depuis 2008, les entrées de ville et les carrefours ont été améliorés, parmi lesquels la route d’Oudalle, réhabilitée et sécurisée en 2016. La création de deux giratoires y a fluidifié la circulation.

Une étude AURH datant de 2020, nous enseignait que la motorisation des ménages harfleurais était une tendance à la baisse, avec 1,7 point de moins par rapport à 2011.

LIER LES ESPACES, EN FAVORISANT LA MARCHE

La question des mobilités et plus particulièrement de l’accessibilité des espaces publics et des équipements est marquante à Harfleur. L’étude de 2008 indiquait : « La dilatation des espaces de centralité doit être compensée par une attention particulière prêtée au traitement de l’espace public, élément unificateur de la ville. » L’enjeu d’alors était de résorber les points de rupture.

Depuis 2008, plusieurs équipements ont fait leur apparition, renforçant l’offre communale. Les abords de ces équipements ont été pensés pour renforcer l’accessibilité et la cohésion urbaine. La Forge, équipement culturel situé à la jonction des trois grands quartiers de la ville, constitue depuis 2010 « un point d’appel architecturé fort et structurant, une opportunité d’élargir la perception du centre-ville et d’établir un rapport de plus grande proximité. » L’aménagement du carrefour de la Forge, met aussi en scène le patrimoine.

Autre exemple : le cabinet médical de la ZAC des Courtines. La rénovation des voiries favorise le vélo et la marche. Bus et pistes cyclables longent aussi la zone. La mixité fonctionnelle de la zone d’activités permet une meilleure connexion au reste du territoire et favorise son dynamisme.

Le centre-ville médiéval, implanté à l’embouchure de la vallée de la Lézarde, constitue un ensemble urbain unique et le cœur patrimonial d’Harfleur. Sa valorisation repose sur la marche, avec un parcours du patrimoine reliant les édifices emblématiques : église Saint-Martin, Hôtel de Ville et Musée du Prieuré.

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Le centre-ville médiéval. AURH

La charpente paysagère – coteaux boisés, Lézarde et estuaire de la Seine – rappelle le rôle fondateur de l’eau dans le développement de la cité et est mise en avant par les aménagements du centre-ville. Les espaces naturels renforcent cette continuité et sont propices à la marche, avec le parcours « au fil de la Lézarde » et la boucle de randonnée du Domaine du Colmoulins, classé en 2009 « Espace Naturel Sensible Local ».

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La Lézarde à Harfleur. AURH

L’enjeu de lier les espaces a également pu se concrétiser via la création d’aménagements en faveur de la marche. Bien que l’utilisation de la voiture soit très marquée en 2008, Harfleur était aussi caractérisée par une forte présence de la marche à pied, malgré les discontinuités de parcours relevées à l’époque. L’aménagement du noyau historique en plateau semi-piétonnier avait été réalisé avant 2008, pour favoriser les modes doux dans le centre-ville. Il a été rénové en 2018 et en 2024.

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La place Victor Hugo avant piétonnisation.

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Les ruelles historiques mises en valeur par le pavage. AURH
 

« Le réseau médiéval de ruelles et placettes a été aménagé pour accompagner la mise en valeur du patrimoine bâti et des vestiges archéologiques. La priorité donnée aux piétons par ces aménagements permet de retrouver un cadre urbain moyenâgeux, tirant parti de la présence de l’eau en tant qu’élément ornemental. »

D’autres aménagements, tels que les franchissements surélevés de l’axe Leclerc / République, reflètent la priorité donnée au déplacement des piétons. Enfin, l’AURH a effectué en 2021 un atelier à Harfleur autour de la ville du quart d’heure. L’objectif était d’organiser la ville de sorte que tout habitant puisse accéder à ses besoins essentiels de vie en 15 minutes de marche ou à vélo.

 

LES MODES DE DEPLACEMENT ALTERNATIFS : AMELIORER L'ACcESSIBILITE

Au-delà de la voiture et de la marche, d’autres modes de déplacement ont fait l’objet d’une attention particulière au sein de l’étude de 2008 : le vélo et les transports en commun.

Au premier semestre 2007, une enquête de la Communauté de l'agglomération havraise sur les déplacements des ménages dans le Pays Le Havre-Pointe de Caux-Estuaire révélait que les déplacements réalisés en voiture (55 %) et à pied (34 %) dominaient, suivis par ceux en bus et en deux-roues motorisés. En revanche, la pratique de la bicyclette était moins répandue à Harfleur (5,1 %) qu’en moyenne sur le Pays LHPCE (9,5 %).

L’AURH accompagne l’agglomération havraise depuis 2013 dans l’élaboration du Plan vélo. L’agglomération s’est engagée dans la réalisation de pistes cyclables pour favoriser les déplacements jusqu'au travail à vélo. L’Agence a notamment mené une étude de faisabilité pour la réalisation du Plan Vélo 2022-2030, qui portera la longueur des itinéraires cyclables sur le territoire communautaire à 445 km d’ici 2030.

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En 2022. AURH

 

Des aménagements réalisés dans le cadre des Plans vélo sont venus enrichir l’offre quantitativement et qualitativement sur la commune. Nous pouvons citer la liaison Rouelles – centre historique à vélo, par la vallée de la Lézarde, et la requalification de la rue de la Gaité.

Harfleur est aussi l’une des étapes de la Véloroute La Seine à vélo® ! Aujourd’hui, Harfleur compte 6 km de pistes / bandes cyclables et voies vertes.

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En 2020. AURH

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En 2021. AURH

 

Après la voiture et la marche, le bus est le troisième mode de déplacement des harfleurais. La ville bénéficie naturellement de l’offre urbaine de transports collectifs d’agglomération. En 2008, Harfleur est desservie par 4 lignes régulières, et une desserte de la ZIP.

L’offre se concentre au niveau de la Brèque et la fréquence d’utilisation du bus y est bien supérieure en comparaison avec Sainte-Adresse, Montivilliers et Gonfreville-l’Orcher.

 

 

 

Depuis, l’offre a évolué, la Brèque demeurant le point névralgique du réseau jusqu’en septembre 2025, date à laquelle l’offre a été revue temporairement pour s’adapter aux travaux de la ligne C du tramway. A ce jour, 7 lignes de bus passent par Harfleur.

D’ici 2027, une voie de tramway unique sera insérée rue de la Gaîté. La circulation routière y sera maintenue à double sens. La ligne C permettra le report modal de la voiture vers les transports en commun, tout en permettant le désenclavement d’Harfleur. Le tramway empruntera le tracé de l’actuelle voie de chemin de fer de la LER, qui a cessé d’être exploitée en 2024, dans la perspective de la future ligne de tramway.

 

Harfleur, espace stratégique du territoire, possède à la fois un centre-ville concentré, favorable aux déplacements alternatifs, tout en demeurant très accessible en voiture. L’objectif actuel est de profiter de l’arrivée du tramway pour engager des actions favorables au report modal, tout en continuant de lier les différents quartiers au moyen d’aménagements urbains favorables aux piétons et aux cyclistes.

 

 


 Octobre 2025