Gares des villes, gares des champs : maillage et enjeux

En 2025, le territoire de l’estuaire de la Seine est desservi par 26 gares. Longtemps déclassées au profit de la voiture et du réseau routier, les gares retrouvent un regain d’attractivité dans les années 2000. Elles jouent un rôle clé dans la décarbonation du secteur des transports, et leur fréquentation est en constante augmentation depuis 10 ans.
Quelle évolution du réseau ferroviaire de l’estuaire de la Seine ? Comment évolue la fréquentation des gares ? Quel niveau d’accessibilité ?
état des lieux et fréquentation
Les deux lignes historiques Paris / Rouen / Le Havre et Paris / Caen / Cherbourg constituent toujours les deux colonnes vertébrales du système ferroviaire normand au nord et au sud de la Seine. Elles sont complétées par 6 tronçons ferroviaires encore actifs : Lisieux / Trouville-Deauville, Mézidon / Le Mans, Malaunay / Dieppe, Bréauté-Beuzeville / Fécamp, Serquigny / Elbeuf-Saint-Aubin et Trouville-Deauville / Dives-Cabourg (liaison saisonnière). Ce schéma ferroviaire est-ouest ne permet pas les liaisons nord sud directes et ne dessert plus des pans entiers du territoire de l’estuaire, notamment les secteurs de Pont-Audemer et de Saint-Valery-en-Caux.
Au cours de la période 2019-2023, le transport ferroviaire « voyageurs » connaît une dynamique positive avec une augmentation globale de 16,2 % du nombre de voyageurs dans les gares de l’estuaire (1 162 766 voyageurs supplémentaires). Cette hausse de fréquentation est souvent corrélée à l’amélioration de l’offre et à l’augmentation du nombre d’arrêts.
Pour en savoir plus sur la fréquentation des gares et découvrir l'intégralité de la publication, retrouvez-la en téléchargement dans le pavé DOCUMENTS ci-contre.
Accès aux gares et utilisation de la voiture
Une très grande majorité de la population habite à moins de 20 minutes en voiture d’une gare. À cette distance « temps », les territoires non couverts s’étendent, pour le plus important, autour de Pont-Audemer (environ 45 000 habitants sans offre ferroviaire), dans un rayon de 10 km autour de Saint-Valery-en-Caux (environ 23 000 habitants sans offre ferroviaire) et entre les gares de Dieppe et du Tréport (10 000 habitants sans offre ferroviaire).
Bien plus réduits, les espaces situés à moins de 5 minutes en voiture d’une gare concernent toujours 1/3 de la population estuarienne. Ce phénomène témoigne de la forte concentration de la population le long des axes ferroviaires.

En raison de sa grande flexibilité, mais également d’un coût réel sous-estimé, la voiture reste le mode de déplacement dominant pour se rendre au travail. Pour les nombreux autosolistes, le basculement possible vers l’usage du train s’avère fortement dépendant de l’offre en transport complémentaire pour aller de la gare à la destination finale (transports en commun, trottinette, vélo…).

UNE INTERMODALITÉ À REPENSER
Le train reste le mode le plus concurrentiel face à la voiture. Les temps de parcours de gare à gare sont en effet souvent plus rapides (et moins fatigants). Pour les actifs qui habitent et travaillent à proximité d’une gare (10 minutes à pied ou à vélo), c’est la solution la plus rationnelle et la plus économique. Un trajet entre la halte de Bourgtheroulde-Thuis-Hébert et Rouen Rive-Droite dure 25 minutes en train, contre 45 minutes en voiture. La hausse de la fréquentation conforte cette hypothèse, mais la part modale du train reste encore modeste voire inexistante dans les zones blanches non desservies (au-delà de 20 minutes de voiture pour atteindre une gare).
L’amélioration de l’intermodalité en ville comme à la campagne est un autre enjeu important. Aujourd’hui, c’est la combinaison marche à pied / gare qui présente le plus d’efficacité pour les gares en milieu urbain (Le Havre, Yvetot, Fécamp, Lisieux, Dieppe). La voiture occupe une place centrale pour les gares en zones peu denses et les aires de stationnement sont régulièrement saturées.
Comment améliorer les conditions de rabattement ? L’extension des aires de stationnement a atteint un point limite. Des solutions existent mais nécessitent de repenser la globalité du système de mobilité : amélioration de la desserte des gares par les cars du réseau normand Nomad, rabattement vélo sécurisé, stationnement réservé aux abonnés du train et au covoiturage. Le réseau de car Nomad de la Région est d’autant plus stratégique sur un territoire ne disposant pas ou peu de liaisons ferroviaires nord-sud (franchissement de l’estuaire entre Honfleur et Le Havre). Les bassins de mobilités en cours de construction et diligentés par la Région Normandie sont une opportunité pour renforcer le rôle des gares et haltes ferroviaires dans le paysage des mobilités de demain.
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